La beauté calme de l’inattendu
Elle ne cherche pas à poser un chef d’œuvre absolu dans une lumière glorieuse. D’ailleurs, les pièces qu’elle fabrique ne sont pas censées se suffire à elles-mêmes. Elles sont relatives. Elles aiment parfois l’ombre. Ce que Léa Van Impe a découvert et désire partager, c’est un espace d’intense apaisement dans le tragique de la vie.
Un univers a besoin de nombreux éléments tous différents pour exister. Pour commencer, Léa Van Impe façonne, une par une, des formes anodines, modestes. Nul bavardage dans ces objets impossibles à nommer, tels qu’ils naissent de ses mains. Ni galets, ni pétales, ni rubans, ni langues, ils refusent les étiquettes pour nous emmener plus loin. Et c’est en ajoutant des formes simples à d’autres formes simples, en les tordant, les assemblant et les arrangeant, avec espièglerie parfois, qu’elle obtient un objet totalement nouveau et surprenant.
Habités par une rythmique, les anneaux, les longues piques, les rubans, les boules, les plis, les baguettes courbées, se côtoient et se mettent en valeur, leur caractère dévoilé, exacerbé même, par leur voisinage. Ils sont reliés les uns aux autres par la distance, précisément calculée, qui les sépare. Un alphabet en volume, un texte dont la grammaire nous ignore, mais qui nous parle pourtant. Avec un goût très sûr, Léa Van Impe instaure une fraîcheur réjouissante. Elle transmet la densité, pas la démesure. Le paysage, dans une vision élargie des détails qui le composent. Et la beauté calme, comme un jeu ordonné et charmant.
texte d’Hélène Loussier